Reprendre de façon critique certaines notions fondamentales de la théorie de l'énonciation, analyser leur fonctionnement à partir de textes (français, anglais, allemands), metre en cause certaines idées reçues sur le réalisme et l'homogénéité de la description linguistique, tel est le projet commun aux études présentées dans ce volume. Qu'il s'agisse de problème de référence et de repérage tels que les pose l'analyse des temps verbaux et des pronoms personnels, impersonnels et démonstratifs, ou qu'il s'agisse de cette interlocution chère au principe dialogique et conversationnel qui préside au courant pragmatique, - tout tend à montrer qu'il n'en est rien d'un quelconque possible unique de la langue. L'énonciation est à prendre non au sens mou et attrape-tout d'une simple mode linguistique, mais avec toutes ses difficultés et contradictions internes.Un autre point central de ce volume consiste à réfuter l'immédiateté de l'accès aux observables de la langue: toutes les traces de l'activité énonciative sont le résultat de constructions et d'opérations précises et même la notion apparemment simple et transparente de locuteur n'y fait pas exception. Cette nécessité de recourir à des constructions se retrouve d'ailleurs jusque dans les choix de corpus textuels présentés ici: chacun d'entre eux est certes constitués à partir d'un type de texte précis (littéraire, journalistique), mais au lieu de prendre un texte tel quel, dans sa clôture, les auteurs construisent, à partir de leurs suites textuelles respectives, leur corpus en fonction d'une forme ou configuration linguistique donnée.