Presses Universitaires du Septentrion
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Presses Universitaires du Septentrion
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Objet
Numéro 48
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Amour de lecteur
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GCOI
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A01
Gérard Farasse
Farasse, Gérard
Gérard
Farasse
<p>Gérard Farasse est professeur émérite de littérature française à l'Université du Littoral-Côte d'Opale où il dirige le Centre de recherche Modalités du fictionnel. Il anime également la Revue des Sciences Humaines. Auteur de nombreux travaux sur la poésie contemporaine, notamment sur Ponge et Follain, il est aussi écrivain.</p>
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2012
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Essais littéraires
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Septentrion Internet hierarchy
Lettres et littératures françaises
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Littératures
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juillet 2013
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LITTÉRATURE GENERALE
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DS
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Pour évoquer la richesse infinie des significations d'une oeuvre, Borges aime à rappeler Scot Erigène, qui les compare à la magique irisation des plumes du paon.J'aurais souhaité, Amour de lecteur, que ce livre ressemblât à ce plumage quasi fabuleux.Ton oeil exercé aurait pu y discerner la cruelle couleur du sang qui coule des plaies de Prévert, le rose de la pierre romaine qui dore les textes de Ponge, le vert de l'herbe qui jamais ne flétrit dans l'oeuvre de Jaccottet, le jaune substantiel qui colore les livres de Quignard ou encore l'éclat stellaire d'une peau qui sert de guide à Desnos égaré dans ses nuits, - sans compter toutes les couleurs que Kijno rassemble, et qui, pour la plupart, nous sont inconnues : elles n'existent que sur ses toiles.A cette image trop chatoyante des plumes de l'oiseau de Junon ou de l'écharpe d'Iris, je préfère pourtant celle plus prosaïque des diaprures que provoque l'essence répandue dans les flaques des caniveaux, et dont s'émerveille un gamin planté là sur le trottoir.Le voilà de nouveau, cet enfant, dont on me fait remarquer qu'il s'obstine à revenir dans ce livre, de chapitre en chapitre. Je n'avais pas prévu qu'il serait là. Sa présence, je ne me l'explique pas. Sauf à supposer qu'il n'est que l'ombre portée du lecteur incliné sur ces pages, persuadé comme je le suis, que c'est cet enfant qui lit depuis toujours à travers nous, quelque âgé que l'on soit, avec la même émotion, la même fascination qu'il éprouvait à regarder les flaques d'eau grise enluminées.
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Pour évoquer la richesse infinie des significations d'une oeuvre, Borges aime à rappeler Scot Erigène, qui les compare à la magique irisation des plumes du paon.J'aurais souhaité, Amour de lecteur, que ce livre ressemblât à ce plumage quasi fabuleux.Ton oeil exercé aurait pu y discerner la cruelle couleur du sang qui coule des plaies de Prévert, le rose de la pierre romaine qui dore les textes de Ponge, le vert de l'herbe qui jamais ne flétrit dans l'oeuvre de Jaccottet, le jaune substantiel qui colore les livres de Quignard ou encore l'éclat stellaire d'une peau qui sert de guide à Desnos égaré dans ses nuits, - sans compter toutes les couleurs que Kijno rassemble, et qui, pour la plupart, nous sont inconnues : elles n'existent que sur ses toiles.A cette image trop chatoyante des plumes de l'oiseau de Junon ou de l'écharpe d'Iris, je préfère pourtant celle plus prosaïque des diaprures que provoque l'essence répandue dans les flaques des caniveaux, et dont s'émerveille un gamin planté là sur le trottoir.Le voilà de nouveau, cet enfant, dont on me fait remarquer qu'il s'obstine à revenir dans ce livre, de chapitre en chapitre. Je n'avais pas prévu qu'il serait là. Sa présence, je ne me l'explique pas. Sauf à supposer qu'il n'est que l'ombre portée du lecteur incliné sur ces pages, persuadé comme je le suis, que c'est cet enfant qui lit depuis toujours à travers nous, quelque âgé que l'on soit, avec la même émotion, la même fascination qu'il éprouvait à regarder les flaques d'eau grise enluminées.
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Pour évoquer la richesse infinie des significations d'une oeuvre, Borges aime à rappeler Scot Erigène, qui les compare à la magique irisation des plumes du paon.J'aurais souhaité, Amour de lecteur, que ce livre ressemblât à ce plumage...
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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<p><strong>Collection crée en 1981 par Philippe Bonnefis et dirigé par lui-même. La collection compte 85 titres, le 85e marquant la fin de la collection avec la disparition de son directeur le 5 mai 2013.</strong></p> <hr /> <p><em>Au cœur de chacun de vos livres, il y a comme une boîte noire – une boîte de Pandore – contenant des images qui défient et défont toute figuration. De quelle matérialité relèvent les objets héliotropes de votre œuvre ? Leur présence insolite et bizarre ? </em></p> <p>- « Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion, depuis 1981, je l'ai appelée « Objet ». J'avais à l'époque lesdites presses sous ma responsabilité. Ce qui me donnait le privilège de travailler en étroite collaboration avec les imprimeurs, les maquettistes... J'ai pu de la sorte veiller très directement à la réalisation graphique de ce mot, qui tenait une place gigantesque sur le premier plat de couverture. Il a depuis maigri. Hélas, on se fait vieux. Mais au tout début, quelles rondeurs! Que voulez-vous ? Pour moi, le mot « objet » est rond. Et je ne l'ai choisi que pour cela. Je n'aime pas ce qui est aigu ou trop droit. Je hais le triangle, fantasme de guillotineur. C'est comme cela, et je n'y peux rien, je n'aime que le rond. Il me faut des courbes, comme il en faut à Adami. Si j'étais amateur de science-fiction, je m'intéresserais beaucoup au déplacement des fusées. L'astronomie ne connaît que les espaces courbes ou incurvés. Jamais de lignes droites, pour elle. Choisir le mot « objet » pour une collection, et choisir la forme dans laquelle ce mot apparaîtrait en couverture, valait manifeste littéraire... Comme automobile, en ces années-là, j'avais une « Fuego ». Pas la sportive en pointe de flèche. La toute ronde. Les étudiants, pour me taquiner, disaient quand ils me voyaient au volant: « Tiens, voilà Bonnefis dans son œuf ». Bien trouvé, et tout à fait d'à propos. L'« objet », dans l'image que je m'en faisais, au fond, c'était cela avant tout. Un habitacle, et, pour tout dire, le seul espace habitable à mon sens…</p> <p>Europe, octobre 2010, n° 978, Au-delà des sources. Entretien avec A. Wald-Lasowski par Philippe Bonnefis p. 311-324. (p. 320)</p> <hr /> <p><strong>Hommage à Philippe Bonnefis</strong></p> <p>La <em>Revue des Sciences Humaines </em>est en deuil.</p> <p style="text-align:justify;">Philippe Bonnefis nous a quitté le 5 mai 2013, avec lui, elle a perdu celui qui, en compagnie de Jean Decottignies, avait fait d'elle la revue prestigieuse qu'elle est devenue. Il l'avait animée durant vingt ans et continuait d'en être le conseiller attentif. Homme de goût, il ne se souciait pas seulement de la qualité des études critiques qui y sont publiées, il se préoccupait aussi de la maquette de couverture, de la typographie, de la qualité du papier. Il ne négligeait rien. Il manifestait ces mêmes qualités dans la direction de sa collection, « Objet », des Presses universitaires du Septentrion, où sont parus tant d'ouvrages remarquables. Enseignant exceptionnel, il a marqué des générations d'étudiants que ce soit à l'Université de Lille III ou à Emory University (Atlanta). Qui avait assisté une fois à l'un de ses cours ne pouvait plus l'oublier. Chacun d'entre eux était un événement que l'on attendait, de semaine en semaine. Il avait l'art de ménager l'intérêt et de surprendre, l'art, en partant d'un détail négligé, de faire redécouvrir les œuvres les plus connues, comme celle de Maupassant. Beaucoup de ses étudiants, de ses amis, devenus à leur tour professeurs, ont une dette à son égard : il ne ménageait pas sa peine pour les conseiller et leur venir en aide, il les lisait, il les corrigeait, il suggérait, il les publiait. Ce fut, comme aurait dit Ponge, un suscitateur. Tous reconnaissent en lui un maître.<br /> De cet art, ses nombreux livres publiés par les éditions Galilée témoignent : sur Flaubert, Céline, Giono, Michaux mais aussi sur Pascal Quignard ou Claude Louis-Combet, ou encore sur son ami, Valerio Adami, qu'il a traduit et dont il a commenté les portraits. Car il fut de ceux qui ont su porter l'attention sur la littérature contemporaine et en montrer les richesses. Pour qui ne fut pas son étudiant, c'est un legs précieux, stimulant. Car plus que des ouvrages critiques, ces livres sont des essais inventifs où le lecteur savoure à la fois l'œuvre commentée et le verbe de qui la commente: une prose exacte où toute la richesse de la langue est exploitée, chaque mot mis à sa juste place, une prose, qui par son rythme et sa beauté, a une vertu euphorisante. Peintres et écrivains le tenaient pour l'un des leurs. Un dernier livre venait de paraître, comme toujours enjoué autant qu'érudit. Philippe Bonnefis s’y révèle libre comme jamais et c’est aussi de lui qu’il parle entre les lignes: sa manière sans doute de rester parmi nous. Ce livre s’appelle <em>Pascal Quignard, une colère d’orgues </em>: qu’elles sonnent aujourd’hui à sa mémoire.</p> <p style="text-align:right;"><em>Gérard Farasse </em>et <em>Dominique Viart</em></p> <p><!--StartFragment--><!--StartFragment-->• ISSN : <!--StartFragment-->2780-9099 (en ligne)<!--EndFragment--><!--EndFragment--></p>
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