Presses Universitaires du Septentrion
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Presses Universitaires du Septentrion
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Numéro 80
Prestiges de la jalousie
<i>La Princesse de Clèves.</i> Michel Leiris, Georges Bataille, Pierre Michon, Pascal Quignard
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Lettres et littératures françaises
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Littératures
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2012
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LITTÉRATURE GENERALE
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Essais littéraires
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DS
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La littérature a fait de la jalousie un de ses paysages privilégiés.<br />
On sait ses signes, ses rites, sa dramaturgie. De faible ou forte teneur, son feu mental, sa misère morale sont balisés : amour jeté en pâture, rivalité, fiel, amertume, frénésie de la possession, chaux vive de l'envie. Carte du Tendre griffé en éros fauconnier.<br />
Or, sans manquer à telle cartographie, les œuvres lues ici obligent leur lecteur à sortir des sentiers battus. En leurs pages, se crayonnent des territoires puissants, mystérieux, entre eux si peu appariables, où l'innocence le dispute à la perversité, où, infaillible, l'intelligence scrute chaque faute de l'esprit, ouvre à sang la vanité humaine.<br />
Tous pourtant, ces écrivains, – Madame de La Fayette, Bataille, Leiris, Michon, Quignard – sont de même espèce : Preux de l'absolu, Pur-sang de l'âme, Coursiers de la chair.<br />
Ils aiment ; massacrent ce qu'ils aiment. S'affairent à styler le leurre d’une rivalité qu’ils veulent miroir de vérité, perpétuent contre eux-mêmes une inlassable vendetta. En nihilistes ardents, ils bataillent contre le néant qu’ils prisent au plus haut. Rejetons modernes de la Déception courtoise, ils savent tout du désir qui trahit, manque son objet à l’instant où il croit le saisir. Aussi, entre masques et aveux, orgueil, humiliation, se hâtent-ils de jeter sur l’amour l’ombre qui le fera mourir, diffament son Bien comme pour le sauvegarder, en défendre le secret, le protéger du Temps qui préempte sa cause.<br />
La jalousie, c’est l’œil de trop, l’œil d’excès propre à leur écriture. L’œil qui tente d’aveugler l’infini du désir, irradie ce chagrin de la limite, lequel, versé à cette illimitation qu’est la littérature, donne à la vie son air de légende, à la création, son prestige.</p>
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La littérature a fait de la jalousie un de ses paysages privilégiés. On sait ses signes, ses rites, sa dramaturgie. De faible ou forte teneur, son feu mental, sa misère morale sont balisés : amour jeté en pâture, rivalité, fiel, amertume, frénésie...
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« Cadeau d'adieu »</p>
<p>
<br />
<strong><em>La Princesse de Clèves</em>, Madame de La Fayette</strong><br />
<em>Sine die</em></p>
<p>
<br />
<strong>Michel Leiris / Georges Bataille</strong><br />
Judas</p>
<p>
<br />
<strong>Pierre Michon</strong><br />
Jumeaux</p>
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<br />
<strong>Pascal Quignard</strong><br />
Nuit fossile</p>
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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« Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion...
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<p><strong>Collection crée en 1981 par Philippe Bonnefis et dirigé par lui-même. La collection compte 85 titres, le 85e marquant la fin de la collection avec la disparition de son directeur le 5 mai 2013.</strong></p> <hr /> <p><em>Au cœur de chacun de vos livres, il y a comme une boîte noire – une boîte de Pandore – contenant des images qui défient et défont toute figuration. De quelle matérialité relèvent les objets héliotropes de votre œuvre ? Leur présence insolite et bizarre ? </em></p> <p>- « Objet » : comme vous avez raison de vous arrêter à ce mot insolite ou bizarre, c'est vrai, j'ai le culte de l'objet. La collection que je dirige aux presses du Septentrion, depuis 1981, je l'ai appelée « Objet ». J'avais à l'époque lesdites presses sous ma responsabilité. Ce qui me donnait le privilège de travailler en étroite collaboration avec les imprimeurs, les maquettistes... J'ai pu de la sorte veiller très directement à la réalisation graphique de ce mot, qui tenait une place gigantesque sur le premier plat de couverture. Il a depuis maigri. Hélas, on se fait vieux. Mais au tout début, quelles rondeurs! Que voulez-vous ? Pour moi, le mot « objet » est rond. Et je ne l'ai choisi que pour cela. Je n'aime pas ce qui est aigu ou trop droit. Je hais le triangle, fantasme de guillotineur. C'est comme cela, et je n'y peux rien, je n'aime que le rond. Il me faut des courbes, comme il en faut à Adami. Si j'étais amateur de science-fiction, je m'intéresserais beaucoup au déplacement des fusées. L'astronomie ne connaît que les espaces courbes ou incurvés. Jamais de lignes droites, pour elle. Choisir le mot « objet » pour une collection, et choisir la forme dans laquelle ce mot apparaîtrait en couverture, valait manifeste littéraire... Comme automobile, en ces années-là, j'avais une « Fuego ». Pas la sportive en pointe de flèche. La toute ronde. Les étudiants, pour me taquiner, disaient quand ils me voyaient au volant: « Tiens, voilà Bonnefis dans son œuf ». Bien trouvé, et tout à fait d'à propos. L'« objet », dans l'image que je m'en faisais, au fond, c'était cela avant tout. Un habitacle, et, pour tout dire, le seul espace habitable à mon sens…</p> <p>Europe, octobre 2010, n° 978, Au-delà des sources. Entretien avec A. Wald-Lasowski par Philippe Bonnefis p. 311-324. (p. 320)</p> <hr /> <p><strong>Hommage à Philippe Bonnefis</strong></p> <p>La <em>Revue des Sciences Humaines </em>est en deuil.</p> <p style="text-align:justify;">Philippe Bonnefis nous a quitté le 5 mai 2013, avec lui, elle a perdu celui qui, en compagnie de Jean Decottignies, avait fait d'elle la revue prestigieuse qu'elle est devenue. Il l'avait animée durant vingt ans et continuait d'en être le conseiller attentif. Homme de goût, il ne se souciait pas seulement de la qualité des études critiques qui y sont publiées, il se préoccupait aussi de la maquette de couverture, de la typographie, de la qualité du papier. Il ne négligeait rien. Il manifestait ces mêmes qualités dans la direction de sa collection, « Objet », des Presses universitaires du Septentrion, où sont parus tant d'ouvrages remarquables. Enseignant exceptionnel, il a marqué des générations d'étudiants que ce soit à l'Université de Lille III ou à Emory University (Atlanta). Qui avait assisté une fois à l'un de ses cours ne pouvait plus l'oublier. Chacun d'entre eux était un événement que l'on attendait, de semaine en semaine. Il avait l'art de ménager l'intérêt et de surprendre, l'art, en partant d'un détail négligé, de faire redécouvrir les œuvres les plus connues, comme celle de Maupassant. Beaucoup de ses étudiants, de ses amis, devenus à leur tour professeurs, ont une dette à son égard : il ne ménageait pas sa peine pour les conseiller et leur venir en aide, il les lisait, il les corrigeait, il suggérait, il les publiait. Ce fut, comme aurait dit Ponge, un suscitateur. Tous reconnaissent en lui un maître.<br /> De cet art, ses nombreux livres publiés par les éditions Galilée témoignent : sur Flaubert, Céline, Giono, Michaux mais aussi sur Pascal Quignard ou Claude Louis-Combet, ou encore sur son ami, Valerio Adami, qu'il a traduit et dont il a commenté les portraits. Car il fut de ceux qui ont su porter l'attention sur la littérature contemporaine et en montrer les richesses. Pour qui ne fut pas son étudiant, c'est un legs précieux, stimulant. Car plus que des ouvrages critiques, ces livres sont des essais inventifs où le lecteur savoure à la fois l'œuvre commentée et le verbe de qui la commente : une prose exacte où toute la richesse de la langue est exploitée, chaque mot mis à sa juste place, une prose, qui par son rythme et sa beauté, a une vertu euphorisante. Peintres et écrivains le tenaient pour l'un des leurs. Un dernier livre venait de paraître, comme toujours enjoué autant qu'érudit. Philippe Bonnefis s’y révèle libre comme jamais et c’est aussi de lui qu’il parle entre les lignes: sa manière sans doute de rester parmi nous. Ce livre s’appelle <em>Pascal Quignard, une colère d’orgues </em>: qu’elles sonnent aujourd’hui à sa mémoire.</p> <p style="text-align:right;"><em>Gérard Farasse </em>et <em>Dominique Viart</em></p> <p><!--StartFragment--><!--StartFragment-->• ISSN : <!--StartFragment-->2780-9099 (en ligne)<!--EndFragment--><!--EndFragment--></p>
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