L'objectif de cette étude est d'examiner la contribution de l’aspect et de la temporalité à la variation des sens modaux des verbes pou­voir et devoir. Trois types d’aspect sont pris en considération : l’as­pect "point de vue" exprimé par les temps verbaux, l’aspect lexical du verbe à l’infinitif et, pour l’aspect perfectif, l’aspect en tant qu’opé­rateur sémantique abstrait. L’aspect "point de vue" imperfectif, véhi­culé par le présent et l’imparfait, est compatible avec toutes les mo­dalités radicales et avec la modalité épistémique. Dans le cadre de ces deux temps verbaux, une interdépendance est établie entre l’as­pect lexical du verbe à l’infinitif et le type de modalité. Quant au passé composé, ce temps soit démodalise le verbe modal, soit dé­clenche la modalité épistémique. L’étude soutient que l’interpréta­tion factuelle (démodalisée) a lieu lorsque le passé composé se voit associer l’opérateur perfectif sémantique. Cette interprétation n’est disponible que lorsque le verbe à l’infinitif dénote un procès agen­tif. Quant à l’interprétation épistémique, disponible aussi bien avec des procès agentifs qu’avec des procès non agentifs, elle est associée à l’interprétation du passé composé sur le mode de parfait.