Le titre de cet article indique qu'une nominalisation peut, dans certaines conditions, être interprétée comme référant à un événement, sans que cette interprétation soit jamais la seule disponible : un seul et même nom dérivé peut, par exemple, référer (au moins) à un pro­cès, à un événement ou à un fait. L'essentiel de l’article est consa­cré aux conditions auxquelles l’interprétation événementielle est dis­ponible – conditions principalement aspectuelles, dans la mesure où on soutient que l’une des propriétés essentielles des événements est leur ponctualité. Cette propriété impose aux nominalisations évé­nementielles d’avoir pour base un prédicat dont l’aspect soit lui-même intrinsèquement ponctuel ou, sinon, susceptible de le deve­nir, au prix d’un changement de point de vue. On montre que cette possibilité existe pour les prédicats du type "accomplissement" ou même "état", beaucoup plus difficilement pour ceux d’activité et pas du tout pour les prédicats de qualité (IL predicates). Il est clair que l’auteur de l’article prend le terme aspect non seulement dans le sens linguistique, mais aussi dans une interprétation de type phé­noménologique, où cette notion renvoie aux divers points de vue que les locuteurs peuvent prendre sur une seule et même chose, ce qui arrive, par exemple, lorsqu’un état, borné mais pourvu d’une certaine durée, est “vu” d’un point de vue extérieur et suffisamment lointain pour valoir comme événement.