Débattre sereinement de la puissance allemande implique de ne pas plaquer un à-priori moral sur ce concept, simplement par ce qu'il a été dévoyé dans le passé. Il s’agit de vérifier si certains critères politiques, économiques, militaires et culturels sont remplis par l’Allemagne et d’étudier si au-delà même de ces critères il existe une capacité à exercer un leadership. Il faut donc distinguer les données et l’attitude. A côté des éléments de puissance de nature économique - première économie de l’Union européenne, dont elle représente 27% du PIB de la zone euro , une base industrielle en expansion et une capacité exportatrice impressionnante qui en fait la deuxième puissance commerciale du monde – l’Allemagne peut s’appuyer sur des facteurs institutionnels importants puisqu’elle dispose par exemple de 96 députés européens et de 18% des voix au conseil européen et que sa position de troisième contributeur au budget de l’ONU et deuxième à celui de l’OTAN est un atout majeur. Ces attributs de puissance sont déclinés comme leviers d’influence dans plusieurs documents officiels comme le Livre blanc sur la sécurité de l’Allemagne et l’avenir de l’armée fédérale. L’Allemagne ne se vit plus comme simple « puissance régionale » mais comme « puissance d’influence mondiale » comme l’attestent le discours d’une partie des intellectuels (notamment les historiens) et la fin de tabous politiques comme l’usage de l’armée fédérale comme instrument de politique étrangère ou la réorientation de la diplomatie allemande en faveur d’un accroissement de présence dans certaines régions du monde, par exemple le Proche Orient, que pour des raisons historiques elle cherchait à éviter. Cette évolution n’est pas uniforme. Elle se heurte encore au reste de la tradition de « puissance civile » comme l’ont montré les réactions à l’action militaire allemande en Afghanistan.

Eine sachlich geführte Debatte über die deutsche Macht setzt voraus, dass dieser Begriff mit keiner moralischen Voreingenommenheit belastet wird, und zwar nur weil er in der Vergangenheit missbraucht wurde. Es geht nur darum nachzuweisen, dass Deutschland bestimmte politische, wirtschaftliche, militärische und kulturelle Kriterien erfüllt und darüber hinaus eine Führungsstärke besitzt. Einerseits gibt es wissenschaftlich fundierte Angaben; andererseits spielt das Verhalten auf der internationalen Bühne eine Rolle. Neben den Charakteristiken der wirtschaftlichen Macht – Deutschland ist die erste Wirtschaftsmacht der EU, in der es 27% des BIP der Eurozone ausmacht; es hat eine sich im Aufschwung befindliche Industrie sowie eine beeindruckende Ausfuhrquote und ist damit die zweitstärkste Handelsmacht der Welt – sind institutionelle Faktoren besonders relevant, wenn man bedenkt, dass zum Beispiel die Bundesrepublik über 96 Europaabgeordnete und 18% Stimmen beim europäischen Rat verfügt und als drittstärkster Beitragszahler der UNO und zweitstärkster Beitragszahler der NATO grosse Einflussmöglichkeiten hat. Diese Machtattribute werden in mehreren offiziellen Arbeitspapieren und Dokumenten wie dem Weissbuch zur Sicherheitspolitik Deutschlands und zur Zukunft der Bundeswehr als Einflussmultiplikatoren ausgewertet. Deutschland fühlt sich nicht mehr als „regionale Macht" sondern als „Macht mit Welteinfluss“ wie durch den Diskurs von Intellektuellen (es sind vor allem Historiker) und das Ende von Tabus belegt wird. Dieses wird zum Beispiel an der Anwendung der Bundeswehr als Instrument der Aussenpolitik oder der Neuausrichtung der deutschen Diplomatie zugunsten einer wachsenden Präsenz in Regionen – wie dem Nahen Osten -, die bisher aus wohlverstandenen historischen Gründen eher vermieden wurden. Die Entwicklung nimmt natürlich keine einförmige Form an. Sie stösst auf die mit der restlichen Tradition der „Zivilmacht“ zusammenhängenden Bedenken, wie die Reaktionen auf das Handeln deutscher Soldaten in Afghanistan gezeigt haben.