Résumé

L'objectif de cet article est de réfléchir à la manière dont le savoir linguistique peut être utilisé en lexicographie pour améliorer en la rationalisant l'information sémantico-syntaxique contenue, entre autres, dans les articles de dictionnaires. Le choix des verbes est justifié par le fait que leurs propriétés syntaxiques et sémantiques se marquent sur la totalité de la phrase dont ils constituent le centre. Le cadre adopté, celui de la sémantique lexico-conceptuelle, permet d'une part de régulariser au moins partiellement les définitions que proposent les dictionnaires, d'autre part de délimiter avec précision l'extension que doivent avoir les contextes retenus dans les exemples (ainsi, si la structure argumentale d'un verbe prévoit la réalisation du rôle d"instrument', il est impératif de fournir des exemples qui tiennent compte de ce fait). Enfin on peut, sur la base de ce même cadre théorique, organiser les dictionnaires à un niveau supérieur à celui des entrées, en soulignant à l'intérieur même des articles la régularité des principaux phénomènes d'alternance qui marquent le lexique verbal (entre emplois pronominaux et non pronominaux, emplois intransitifs et transitifs par exemple, pour ce qui concerne le français). On se donne ainsi les moyens d'éliminer du dictionnaire certaines informations grammaticales qui n'ont rien à y faire (concernant par exemple la plupart des usages pronominaux des verbes). Les trois dictionnaires examinés, Petit Robert, Grand Robert et Trésor de la langue française, se révèlent hétérogènes, parfois très rationnels, parfois très peu, et dans l'ensemble assez facilement améliorables, du moins pour la partie qui regarde le linguiste, qui est loin d'être la totalité de leur contenu, et pour autant que sa collaboration est sollicitée.

Summary

The aim of this article is to see if and how linguistic knowledge can be useful in lexicographic practice, especially in allowing dictionaries to supply more rational syntactic and semantic information about lexical items. The choice of verbs is based on their central role in the syntax and semantics of sentences. The theoretical frame, lexical-conceptual semantics, has the advantage of offering the lexicographer an easy way of, first, providing lexical items with simpler and clearer definitions, and secondly determining exactly the extent of the context which is to appear in the examples; for instance, if the argument structure of a verb provides for an 'instrument' semantic role, one must allow examples that illustrate this property. The same theoretical frame makes it easy to organize the dictionary at a higher level, underlining for instance the existence of massive, regular alternations such as between pronominal and non pronominal or between transitive and intransitive uses. At the same lime, it becomes possible to eliminate from the dictionary a large quantity of pure1y grammatical information, which is not to appear among lexical information, for instance most of the information about the ref1exive uses of French verbs. The three dictionaries under examination, Petit Robert, Grand Robert and Trésor de la langue française, prove to be heterogeneous, sometimes very rational, sometimes quite irrational, but by and large easy to improve, at least as far as the linguist is concerned (for a good part of the content of a lexical entry is beyond his competence), and as far as he is required to help.