Depuis un certain nombre d'années, les études germaniques sont marquées à leur tour par les promesses, les menaces et les stigmates de la mondialisation. Les situations face à ce nouvel état de fait varient d’un continent à l’autre, générant des audaces et des tentatives pour s’aventurer en terrain jusqu’alors inconnu par le truchement de la langue. Si la germanistique aux Etats-Unis a lentement glissé dans le giron des études européennes, il en va autrement en Asie du Sud-Est, où les traditions sont anciennes et ancrées dans un terreau historique quelque peu différent. Il est vrai que dans ce domaine, les linguistes ont sans doute un atout non négligeable sur d’autres disciplines comme l’histoire ou la philosophie dans la mesure où la médiation se fait par le point de convergence incontournable qu’est la langue allemande. Elle n’a pas encore rendu les armes, même si, comme nous le verrons dans ce cahier, elle subit, à l’instar de la matière sur l’ensemble de la planète, une érosion continue. Pourtant, l’espoir du renouvellement par la créativité et l’innovation n’est pas perdu.

Aborder les études germaniques en Asie signifie essayer de comprendre par quels canaux l’Allemagne s’inscrit dans cet espace en pleine mutation, puisque la hiérarchie des puissances en vient progressivement à changer. Le sujet a une certaine tradition, même si les spécialistes français ne s’en sont curieusement que rarement emparés. L’idée de la dynamique est ici essentielle, puisqu’elle suggère la plasticité des croisements pour étudier et analyser la production de configurations inédites dans l’interaction et la rencontre d’éléments épars nouveaux et plus anciens. Il s’agit d’appréhender les aspects inédits dans les thèmes évoqués, mais également le changement social et les transformations à travers le prisme choisi pour regarder ainsi cette part de la culture européenne en Asie .

Les études germaniques n’ont pas une surface lisse et homogène en Asie du Sud-Est, qui constitue elle-même un espace dense et hétérogène où les histoires s’entrecroisent profondément et divergent pourtant. Ainsi les deux grands rivaux chinois et japonais se sont-ils longtemps partagé successivement le pouvoir sur la Corée, ce qui n’est pas, comme il est souligné dans les diverses contributions, sans influence sur l’appréhension que cette dernière peut avoir des études germaniques. Outre les interdépendances spatiales, la chronologie joue aussi un rôle éminent dans les rapports avec l’Allemagne, fruits de la première mondialisation .

Le Japon est sans conteste le pays qui a pris le plus d’avance dans ses relations avec la grande puissance continentale européenne en en important de larges pans culturels et dans l’élaboration d’études germaniques dignes de ce nom, qui en sont le nécessaire soubassement. La première mondialisation de la fin du dix-neuvième siècle, qui mit aux prises les Etats-nations dans leur diversité, a eu pour effet de susciter de manière inédite un intérêt mutuel des deux puissances tardives l’une pour l’autre. Les premiers contacts entre les pays furent à l’image de tous les mouvements de rapprochement des Etats sur fond d’expansion commerciale qui ont eu lieu depuis, créant à la fois une unité globale sans précédent et une fragmentation sans égale. Les nations sont devenues à l’époque des produits de flux d’échanges, à la manière dont elles le sont également aujourd’hui.
Les apports de l’Allemagne au Japon ont été majeurs, notamment dans le cadre de la rénovation universitaire commencée à l’ère Meiji. Ils ont touché nombre de domaines essentiels, comme le droit, où les langues ont joué un rôle majeur, dans la mesure où le domaine juridique a fait avant tout l’objet d’un travail linguistique subtil. L’introduction précise de textes juridiques hétérogènes impliquait un double effort dans une société où le droit était mal perçu et sa pratique dévalorisée : outre l’aspect normatif, c’est-à-dire l’intrusion d’une conception sociétale étrangère à celle du lieu de réception dans lequel elle était pour ainsi dire implantée comme un corps étranger, elle sollicitait également un référencement linguistique qui devait lier les différents pays par-delà les décennies qui devaient suivre. La réception du droit occidental devint principalement incontournable dans l’emprunt fait par le Japon de la technique de codification, qui demandait une précision conceptuelle sans pareille. Dès 1869, on entreprit de traduire les codes français, avec toutes les difficultés que cela comportait, eu égard à l’absence de véritables juristes japonais et au manque d’équivalents dans les langues et concepts. L’année 1872 marqua l’amorce préparatoire d’une série de codes organisant le droit privé. Un code pénal et un code d’instruction criminelle furent promulgués en 1882 sur le modèle français, et en 1890 un code d’organisation judiciaire et un code de procédure civile sur le modèle allemand. Le code civil fut achevé en 1898, influencé par les travaux préparatoires au code civil allemand (Bürgerliches Gesetzbuch). Le code de commerce suivit en 1899. Le droit public fut lui aussi réformé en profondeur d’une part par une série de lois (liberté des cultures (1871), liberté de vendre des terres (1872), nouvelle division du pays en département (ken) (1890), nouvelle organisation des communes (1888)) et d’autre part par l’octroi par l’empereur à ses sujets d’une nouvelle constitution (1889). Il s’ensuivit que jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale et même après, la langue allemande, plus encore que la langue française, fut enseignée comme matière obligatoire dans les facultés de droit pour permettre un accès à l’esprit des idées qui structuraient la société. Mais il suffit encore aujourd’hui de jeter un œil dans les revues de droit et de sciences politiques majeures au Japon comme Hogaku Kyokai Zassi ou Kokka Gakkai Zassi pour voir combien l’hommage rendu à de grandes figures européennes comme Durkheim, Fichte ou Humboldt restent pertinent dans le Japon du début du second millénaire, malgré les réformes sociétales imposées par les Américains après le conflit destructeur entre les deux grandes nations pour la prise de contrôle de l’Océan pacifique.
Mais il est un autre domaine qui a forgé les liens profonds au plan structurel entre l’Allemagne et le Japon dans la période des deux dernières décennies du dix-neuvième siècle, c’est celui de l’histoire. Prise dans une relation asymétrique puisque le modèle allemand valait comme référence pour l’ensemble de la discipline alors que le Japon tâtonnait dans ce domaine, l’introduction de la matrice allemande fut faite un an après la création de l’université impériale de Tokyo en 1886 . L’histoire suivit d’ailleurs le cheminement allemand, se séparant de la philologie pour devenir un domaine autonome et le socle du discours national qui allait marquer l’histoire du pays dans le premier vingtième siècle. Passant des traditions locales d’exploration du passé, qui ne semblaient plus avoir de prise pour expliquer le présent (on peut penser ici à Konakumura Kiyoroni (1821-1895) et à son école nativiste kokugayu), l’histoire fut littéralement confiée aux mains de l’historien Ludwig Riess, qui n’avait que 27 ans et avait été présenté comme un élève de Leopold von Ranke, malgré le fait qu’il n’avait jamais suivi ses cours. L’historien allemand contribua à la création d’une revue universitaire intitulée Shigaku zasshi sur le modèle de la fameuse Historische Zeitschrift et à une association d’historiens, à la manière dont il en existait tant dans l’Allemagne de la fin du dix-neuvième siècle. Bien sûr, il n’y eut pas de rupture totale avec l’historiographie telle que la concevaient les Japonais, mais un passage progressif des différents spécialistes de la discipline dans la faculté nouvellement créée. Ils se plièrent peu à peu à la méthode venue du lointain continent et essaimèrent ensuite dans l’ensemble de l’archipel. Ainsi l’université impériale de Kyoto, fondée en 1897, ouvrit un département d’histoire en 1907 où certains étudiants de L. Riess comme Uchida Ginzo, Miura Hiroyuki ou Yano Niichi institutionnalisèrent la discipline. Dans chaque nouvelle université créée, et il y en eut quarante-neuf jusqu’en 1945, le nouvel historien était issu de l’école de Tokyo. A travers l’arrivée et la présence des historiens allemands dans le pays du Soleil levant, ce fut l’historiographie japonaise qui fut transformée, mais également, comme le dit bien Christoph Conrad, l’histoire du Japon. L’historicisation européenne du Japon se fit notamment par démarcation avec l’histoire chinoise, considéré comme archaïque. Le découpage chronologique imposé par les Européens eut néanmoins du mal à s’imposer, notamment en ce qui concerne le Moyen Age.
Si les études germaniques en elles-mêmes ont du mal à se projeter dans l’avenir, comme le signale Thomas Pekar dans son article sur l’actualité de la discipline dans les universités japonaises, il n’en va pas moins que les traces de ce passé germanophone restent extrêmement présentes dans le Japon contemporain. Peut-être les germanistes, dont la flexibilité ne fait aucun doute, devront-ils concevoir d’autres types de cursus à la manière dont certains pays européens et les Etats-Unis ont dû le faire pour s’adapter à la nouvelle donne universitaire imposée par la mondialisation. Les articles de Hatsuki Yanagihara sur une comparaison des historiographies à propos de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne et au Japon et de Haruko Suto sur la présence obsédante de Hiroshima dans l’œuvre d’Elias Canetti démontrent bien combien la référence reste lourde dans les approches et les représentations insulaires, malgré l’imprégnation anglo-saxonne de l’après-guerre.
La Corée du Sud présente quant à elle un profil quelque peu différent, puisque les études germaniques y sont très liées au souvenir de l’occupation japonaise. La Corée n’était pas inconnue des Allemands, comme le prouve, certes succinctement, le journal de Goethe daté du 7 juillet 1818 . La référence est liée à une lecture d’un récit de voyage d’un officier de marine anglais du nom de Basil Hall . La description que fait le Britannique du pays n’est toutefois pas très positive. À la même époque, un grand savant et poète coréen du nom de Jeong Dasan (1762-1836) soulignait quant à lui la nécessité pour le pays, en citant Goethe, de s’ouvrir le plus possible à l’Occident pour contrer les aspirations coloniales de ses grands voisins . Pourtant, l’occidenta-lisation vint de l’occupation japonaise et de son empereur, qui mirent fin à deux mille ans d’histoire relativement autonome, malgré les liens forts qui avaient existé entre le pays des trois royaumes et la Chine à travers la dynastie des Ching. Le Japon occupa la Corée de 1910 à 1945 et apporta avec lui une image éminemment positive de l’Allemagne et des Allemands. Comme Jeang-Yean Goak le rappelle dans son article, les liens diplomatiques existaient déjà entre la Corée et l’Allemagne, mais furent renforcés par cet épisode historique. Les Japonais tenaient en haute estime leurs alliés occidentaux, surtout dans les années 1920 et 1930. Les Coréens quant à eux préféraient l’original à la copie, même si, malgré leur brutalité, les occupants avaient constitué un trait d’union important vers l’aire germanophone. C’est ainsi que certains jeunes gens doués voulaient faire des études germaniques. Le poète Bak Yeong-Cheol (1904-1938) par exemple partit dans sa jeunesse pour Tokyo où il étudia l’allemand . Mais au bout d’un an, il dut rentrer en Corée pour des raisons familiales, écrivit ensuite des poèmes et fit paraître une revue littéraire. En 1932, l’année de l’anniversaire de Goethe, Bak Yeong-Cheol publia dans le numéro de mars de sa revue un numéro spécial sur le héraut de Weimar, encore presque inconnu aux confins de l’Asie du Sud-Est. Le poète rédigea lui-même la plus grande partie de ses contributions : il traduisit huit poèmes, fit également paraître une nouvelle version raccourcie du livre Les souffrances du jeune Werther et donna une chronologie précise de la vie et de l’œuvre l’écrivain allemand, qui n’existait pas encore dans la langue du pays du matin calme. Toutefois, son approche était encore conditionnée par l’influence japonaise puisqu’il traduisit « souffrances » par le mot emprunté à la langue de l’occupant qui s’apparentait plutôt à « soucis » ou « tristesse », ramenant le roman à une simple histoire d’amour.
Après la libération de 1945, beaucoup de jeunes gens continuèrent à vouloir prolonger la tradition dans la nouvelle république dont l’existence avait été institutionnalisée en 1948. La discipline possédait en effet un réel prestige et symbolisait surtout, sur fond d’histoire coloniale, l’approche la plus traditionnelle et la plus familière vers le monde occidental. En s’adonnant ainsi aux littératures européennes et américaine, les Coréens voulaient vraisemblablement conjurer le sort, en se rapprochant d’alliés dont ils pensaient, à tort ou à raison, qu’ils auraient pu vraisemblablement leur éviter l’humiliation de leur soumission. Pourtant, cet intérêt pour l’Allemagne et ce rapprochement avec la culture germanophone ne pouvaient toutefois pas faire oublier que le siècle américain et la domination de la langue anglaise pointaient à l’horizon, bien établis qu’ils étaient partout ailleurs. Malgré tout, la première génération de Coréens ne dérogea pas à son idéal. Dans son intéressant article, Mi-Hyun Ahn nous fait comprendre la manière dont la traduction de la littérature allemande et par-delà germanophone a accompagné le mouvement de modernisation d’un pays qui est devenu l’une des premières économies du monde et combien elle reste une alternative accessible à ceux qui préfèrent voir le monde occidental dans sa pluralité.
Pour ce qui concerne la Chine, l’histoire des liens avec l’Occident et notamment avec l’Allemagne est sans doute quelque peu différente. Ils ne peuvent se comprendre sans une mise en perspective du rapport du pays à l’Europe en ce qui concerne l’appropriation des savoirs, dont l’Allemagne ne constitue qu’une infime partie. Il circulait en effet dans la Chine des années 1890, qui avait perdu de sa splendeur d’antan, la rumeur selon laquelle les sciences occidentales étaient originaires de l’Empire du milieu . On racontait que les Chinois les avaient exportées en Occident ou bien encore que les Occidentaux les avaient volées aux Chinois. La période était naturellement difficile pour la fierté nationale de grandes parties de l’élite chinoise après la modernisation du Japon très avancée vers 1895. La légende allait se répandre comme une traînée de poudre et s’étendre à tous les domaines de la science occidentale, y compris aux sciences humaines et sociales. La double référence était limpide et se faisait par rapport à l’Occident et au Japon voisin, qui en était devenu pour ainsi dire le passeur en Orient.
Ainsi, le penseur Mo Di (480-390 avant Jésus-Christ) devint-il un point de référence incontournable et un exemple paradigmatique de l’ambiguïté ainsi constituée. Son enseignement altruiste, sa simplicité, son respect des divinités et l’enseignement d’un certain utilitarisme, auxquels s’ajoutait l’histoire de la transmission cryptée de son savoir, semblaient à beaucoup d’autochtones montrer d’évidentes analogies avec les enseignements venus d’Occident. Huang Zunxian (1848-1905), qui était le principal informateur chinois dans son propre pays à propos des réformes de l’ère Meiji au Japon, affirme dans sa monographie sur l’État japonais (qu’il avait écrite dès 1887, mais qui parut en 1895) que des élèves de Mo Di étaient partis en Occident pour promouvoir le droit à l’auto-détermination des peuples, l’amour du prochain, le respect des dieux et qu’ils y avaient affiné les savoirs qui étaient déjà présents. Mais présenter Mo Di comme le père spirituel de l’Occident était une arme à double tranchant car ses enseignements avaient toujours eu un arrière-goût hérétique et se situaient par conséquent en marge des épistémologies traditionnelles très hiérarchisées sur lesquelles s’appuyait la science chinoise.
Wang Kaiyun, un conservateur modéré, qui défendait le point de vue le plus usuel et s’opposait à toute transformation des institutions, remarquait lapidairement dans son commentaire sur Mo Di que si Jésus et Bouddha étaient honorés de façon erronée comme des saints, on le devait notamment au penseur chinois qui aurait dû pourtant être le porteur univoque d’une certaine vision chinoise du monde.

Si la technique et les savoirs occidentaux ne représentent rien d’autre qu’une amélioration de connaissances transmises par les Chinois, alors la Chine a également un droit légitime à ses yeux de se les approprier. La germanistique chinoise telle qu’elle se présente dans les congrès asiatiques garde un côté très pragmatique dans son appréhension de la discipline, en faisant presque une science appliquée, tant du point de vue de son utilisation que de son approche idéologique, à la manière dont le décrit Zhao Leilian dans son article sur l’histoire de la réception de la littérature germanophone dans son pays.
La question se pose de savoir donc ce qui pouvait encore rester substantiellement chinois en 1898 de sorte qu’on aurait pu parler de noyau culturel, eu égard aux évolutions du reste de l’Asie. Ce qui a commencé est l’histoire de la déperdition de la modernité chinoise et de la culture qu’elle avait engendrée. Vers 1911, c’est-à-dire vers la fin de l’empire, des réformes importantes avaient été décidées pour faire de la Chine un État moderne et les jalons les plus importants pour traduire linguistiquement et conceptuellement la pédagogie, la littérature et la philosophie occidentale, et parmi elles en premier lieu la culture germanophone, semblaient avoir été posés. La science et la technique avait été quant à elles depuis longtemps imposées à la Chine. Elles passaient également partiellement par la médiation allemande comme partie du continent européen.

Même si l’histoire de la Chine et de ses rapports avec l’Allemagne diffère profondément des modèles japonais et coréen précédemment évoqués, il n’en reste pas moins que les germanistes chinois, japonais et coréens ont appris depuis deux décennies sous le dénominateur commun que sont la langue allemande et la culture germanophone qu’ils sont en tant que germanistes liés à une communauté de destin, avec l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse d’abord, mais aussi entre eux. Lors des congrès réunissant régulièrement les membres des différents pays tous les trois ans, on s’aperçoit que l’allemand joue un trait d’union important pour l’entente continentale. A Kanasawa en 2008, plusieurs chaînes de télévision avaient couvert l’événement, ce qui peut paraître incongru à tout européen enseignant la discipline. D’autres germanistes venus de Taïwan, de Thaïlande ou encore d’Inde se sont d’ailleurs joints aux précédents, même si leur présence est encore timide. Cela signifie simplement que les études germaniques en Asie peuvent avoir, outre celles que connaît la discipline partout dans le monde, des problématiques qui lui sont propres et que le « désavantage de l’éloignement intellectuel et spatial » peut se transformer en « un avantage propre » s’il se mue en questionnements singuliers qui peuvent enrichir l’ensemble de la discipline en lui désignant des voies différentes et originales pour ouvrir des pistes inédites et féconder de nouveaux croisements. Les articles présentés ici témoignent de ces interrogations.
Il semblerait toutefois que la communauté internationale en ait pris conscience puisque le Congrès international des germanistes qui avait eu lieu à Tokyo en 1990 avait connu un franc succès sur le thème de la rencontre avec l’étranger et de ses frontières, de ses traditions et des possibilités de comparaison qu’elle offre. Il avait été un gage de reconnaissance d’un long compagnonnage, parfois trop discret, de l’Asie dans le paysage des études germaniques. Le nombre de participants venus de tous les horizons d’Extrême-Orient au Congrès de l’IVG cet été à Varsovie semble confirmer une tendance perceptible et souhaitée.

La revue Allemagne d’aujourd’hui se devait de se poser la question. Il faut sans doute considérer cet essai comme une ouverture vers l’Asie, mais aussi une invitation à s’interroger sur la manière dont on appréhende la germanistique sur d’autres continents dans toutes ses facettes. Loin d’avoir épuisé son rôle et malgré les augures parfois funestes qu’elle peut laisser percevoir à travers les yeux de ses lointains zélateurs, la discipline semble vouloir se renouveler pour reprendre son chemin de trait d’union entre les continents. Eu égard au rôle de l’Allemagne dans le grand basculement du monde auquel nous assistons, il convient d’en écouter les bruissements et de savoir en tirer les conclusions qui s’imposent pour les échanges continentaux à venir.
J.-L. Georget