Résumé

Bien que l'absence de relations bijectives entre signifiant et signifié, sens d'une phrase et signification d'un énoncé soit depuis longtemps reconnue, rares sont les tentatives de traiter conjointement les différentes extériorités de la langue qui déterminent l'interprétation des paroles. Plutôt que de ramener les extériorités à la langue, il s'agit de décrire les principes qui structurent toute production de sens, quittant ainsi le point de vue immanentiste qui rend les extériorités précisément extérieures. Le présent travail veut montrer que le savoir social comme savoir conceptuel est de même nature dans ses usages linguistiques et dans ses usages non linguistiques. Pour ce faire, il est analysé dans son usage direct et dans son usage rapporté. Trois types de savoir sont distingués et leurs relations esquissées: le savoir portant sur les personnes, le temps et l'espace (les corrélats des déictiques), le savoir discursif ou catégoriel, le savoir syntagmatique des schémas d'action. L'analyse est développée à partir d'une catégorie intermédiaire, l'âge. L'utilisation spécifiquement linguistique de ce savoir inclut deux autres principes: les ressources logiques et les ressources modales, principes qui relèvent d'effets particuliers du savoir catégoriel et des schémas d'actions. Si la langue a le privilège de disposer seule de marqueurs permettant d'opérer avec ces principes, le principe d'économie selon lequel n'est formulé que ce que le contexte ne permet pas de communiquer reste central, même dans le cas des structurations formelles et modales. Un immanentisme logique ou sémiologique (narratologique) n'est pas plus défendable que celui de la linguistique ou de la sociologie.

Summary

As this study purports to show that social knowledge as conceptual knowledge is the same kind in both linguistic and non-linguistic uses, it is examined in its direct and indirect aspects. Three types of knowledge are clarified and their relationships set up : knowledge that refers to persons, to time and space (correlates of deictics), discursive or categorial knowledge, and syntagmatic knowledge of actions schemes. An intermediate category - age - is chosen as the starting point of this formulation. The specifie linguistic use of social knowledge embodies two other principles which call on logical and modal resources. These principals are correlates of categorical knowledge and action schemes. If language has the unique privilege of using markers which allow one to act on these principles, the principle of economy (that formulates only what the context does not directly communicate) remains the central issue, even in cases of formaI and modal structurings.