Sémantiques de l'élite et démocratie en Allemagne au XXe siècle
La thèse  centrale de cet article est que des facteurs relevant de l’histoire des idées eurent un rôle central dans la réussite de la démocratie parlementaire en République fédérale. Ces facteurs étaient à la fois d’ordre « structurel » et « conjoncturel » : d’une part, la structure du champ intellectuel de Allemagne de l’ouest après 1945 facilita la diffusion d’idées compatibles avec la démocratie ; d’autre part, dans le vide politique et intellectuel de la première décennie de l’après-guerre, les nouveaux modèles des élites des valeurs et du caractère alors élaborés permirent justement aux groupes jusque-là sceptiques vis-à-vis de la démocratie dans les domaine politique, scientifique et économique de se réconcilier avec la démocratie représentative. Une sémantique politique au sein de laquelle les concepts d’ « élite » et de « démocratie » entretenaient un rapport de tension positif et productif joua un rôle essentiel dans ce processus. Si l’on considère au-delà l’ensemble du XXe siècle en comparant les dénominations majoritairement utilisées pour les décideurs et groupes sociaux privilégiés, il apparaît que contrairement à ce qui fut le cas en RFA, les concepts de Weimar et plus encore du national-socialisme n’étaient guère compatibles avec des institutions et des procédures démocratiques.


Elitesemantiken und Demokratie in Deutschland im 20. Jahrhundert
Der Beitrag argumentiert, dass für die erfolgreiche Etablierung der parlamentarischen Demokratie in der Bundesrepublik Deutschland ideengeschichtliche Faktoren eine zentrale Rolle spielten. Diese Faktoren lassen sich in solche „struktureller" und „konjunktureller“ Art unterteilen, denn einerseits erleichterte die Struktur des Intellektuellen Feldes in Westdeutschland nach 1945 die Verbreitung Demokratie-kompatibler Ideen, andererseits ermöglichten im politisch-ideellen Vakuum des ersten Nachkriegsjahrzehnts gerade die neuen, damals diskutierten Modelle von Wert- und Charakter-Eliten den Demokratie-skeptischen Gruppen in Politik, Wissenschaft und Wirtschaft, sich mit der repräsentativen Demokratie auszusöhnen. Wesentlich war dabei eine politische Semantik, in der die Begriffe „Elite“ und „Demokratie“ in einem positiven und produktiven Spannungsverhältnis zueinander standen. Nimmt man darüber hinaus das gesamte 20. Jahrhundert in den Blick und vergleicht die jeweils dominanten Bezeichnungen für die besonders privilegierten Gruppen und Entscheidungsträger, so zeigt sich, dass im Gegensatz zur Bundesrepublik die Ordnungsbegriffe der Weimarer Republik und besonders im Nationalsozialismus kaum mit demokratischen Institutionen und Verfahren in Übereinstimmung zu bringen gewesen waren.


Democracy and Concepts of Elites in 20th Century Germany
The article insists that the history of ideas provides new explanations for the success of democracy in the early Federal Republic of Germany. These explanations derive from structural as well as trend factors, because on the one hand the structure of the West German intellectual field favored the spread of democracy-compatible concepts, while on the other hand the then new concepts of elites by morale and character helped democracy-averse groups in politics, economy and science to come to terms with the new order. During this process, most-important were political semantics which set ideas of “elites" and “democracy” into a positive and productive tension. Broadening the perspective to the whole 20th century and comparing the different denominations for highly privileged social groups and top decision makers reveal that the socio-political key concepts up to 1945 were never in accordance with democratic institutions and procedures.