Résumé

Tout en ne constituant pas un thème central, la question européenne est néanmoins permanente chez Habermas, remise sur le tapis à chaque évènement historico- politique. Lors de la chute du mur, à laquelle il réagit en proposant une « solution européenne de la question allemande » et un « patriotisme constitutionnel européen ». Avec l'arrivée de la mondialisation qu’il pense contrer avec une Europe devenue global player. Puis avec la guerre en Irak qui a provoqué une cassure en Europe et qui a fait surgir chez lui l’idée d’un « noyau dur » européen (Kerneuropa), et suscité une réflexion sur l’identité européenne. Après l’échec du traité constitutionnel, quand il exige une réforme constitutionnelle radicale : un « référendum européen » demandant aux citoyens européens de se prononcer sur l’appartenance de leur pays, soit à « l’Europe du noyau dur », soit à « l’Europe de la périphérie ». Et, dernier grand moment pour la thématique européenne, la crise financière de 2008, dont la gravité suscite un « besoin mondial de régulation » qui impose la réalisation d’une « société mondiale politiquement constituée » où s’intégrerait l’Union européenne.
Le glissement de l’européanisme vers le cosmopolitisme, point d’orgue de l’ouvrage de 2011 « Zur Verfassung Europas », est une caractéristique majeure de son projet européen dont un autre trait marquant est le pragmatisme. Habermas vise une Europe « politique », pour laquelle il faut impérativement une constitution, sanctionnée par un référendum, et qui soit efficiente (handlungsfähig), parlant d’une seule voix. Les préoccupations sociales sont toujours présentes, mais le plus souvent énoncées prudemment. Une composante centrale du projet habermassien est cependant la « constitution intérieure » de l’Union, le « substrat culturel » de celle-ci, qui est la « condition politico-culturelle » pour que puisse se former une « conscience européenne commune ». Celle-ci présuppose toutefois un « processus d’apprentissage » impliquant la société civile. Les acteurs de cette nécessaire formation de l’opinion sont les « nouveaux » partis politiques capables d’« articuler une perspective », ou encore les « médias - directeurs » (Leitmedien), qui sont la « colonne vertébrale de l’espace public », lieu par excellence de la pédagogie de l’Europe, et surtout les « intellectuels politiques », capables de se « décentrer » d’une Europe en panne d’idées et, avec leur « intuition anticipatrice » (Mut zur Antizipation), de « fournir une vision attractive et contagieuse pour l’Europe future ».

Zusammenfassung

Europa ist kein zentrales Thema für Habermas und dennoch kommt es immer wieder zumVorschein, und zwar in Verbindung mit dem politischen Geschehen. So beim Fall der Mauer, als er « eine europäische Lösung der deutschen Frage » und einen « europäischen Verfassungspatriotismus » befürwortet. Mit dem Aufkommen der Globalisierung, als er sich Europa als einen global player herbeiwünscht. Später mit dem Irakkrieg, der Europa entzweit, als bei ihm die Idee von einem « Kerneuropa » aufkommt, wobei er über die « europaïsche Identität » nachdenkt. Nach dem Scheitern der Europa- Referenden 2005 fordert er eine radikale Verfassungsreform : in einem « Europa-Referendum » sollen die Bürger entscheiden, ob ihr Staat zu dem « Kerneuopa » oder zu dem « Europa der Peripherie » gehören wird. Und schliesslich, angesichts de Weltfinanzkrise von 2008, macht er die Notwendigkeit eines « weltweiten Regulationsbedarfs » gelten, der nur in einer « politisch geordneten Weltgesellschaft » zustandekommen kann, in welche sich die EU integrieren sollte.
Das Gleiten des Europeanismus in den Kosmopolitismus erscheint als das Hauptmerkmal vom habermaschen Europa-Projekt, das sich dennoch durch seinen Pragmatismus kennzeichnen lässt. Habermas steht für ein « politisches » Europa, das dringend eine durch einen Volksentscheid sanktionierte Verfassung benötigt, und das « handlungsfähig » sein muss. Die soziale Komponente ist stets gegenwärtig, aber wird meistens vorsichtig behandelt. Die Hauptkomponente bei Habermas scheint die « innere Verfassung » der EU zu sein, ihr « kulturelles Substrat », das für ihn die notwendige « kultur-politische Bedingung » für die Entstehung eines « gemeinsamen europaïschen Bewusstseins » darstellt. Dazu bedarf es aber eines « Lernprozesses », der sich in einer europaïschen Öffentlichkeit abspielen muss und deren Hauptakteure die « neuen politischen Parteien » sind, die fähig sind « Perpektiven zu artikulieren », sowie die « Leitmedien », die « das Rückrat der Offentlichkeit » bilden, und insbesondere die « politischen Intellektuellen », die den « Mut zur Antizipation » aufbringen und in der « Abkehr vom Eurozentrismus » das zukünftige Europa entwerfen.