Résumé

Les langues romanes abondent en dérivés dans lesquels le suffixe est concaténé non pas directement à la lexie de base, mais à un radical qui comprend en outre un élément suffixoïde sans pertinence sémantique (cf. e.g. fr. puis-at-ier ou cogn-ass-ier). L'article étudie plus particulièrement le cas des dérivés occitans construits à l'aide du suffixe -ièr/-ièra. Il y est montré que, relativement fréquent, le décalage de ce suffixe obéit à un conditionnement phonologique assez complexe, à la fois prosodique et segmental. Il n'affecte pour ainsi dire que les dérivés formés sur des bases monosyllabiques dans lesquels l'adjonction directe du suffixe aboutirait· à des formes dysphoniques enfreignant des contraintes dissimilatives ou harmonisatrices. Plusieurs autres cas évoqués rapidement suggèrent que ce type de conditionnement est assez général.

Summary

The Romance Languages abound in derivatives in which the suffix does not concatenate directly with the lexical base, but with a radical that also includes a suffix-like element having no semantic relevance (e.g. Fr. puis-at-ier or cogn-ass-ier). In this paper, we examine the case of Occitan derivatives formed with the suffix -ièr/-ièra, and show that the relatively frequent décalage (shift) of this suffix is govemed by phonological conditions, both prosodic and segmental, of a rather complex nature. It may·be taken that this décalage only affects derivatives formed from monosyllabic bases in which adding the suffix directly would lead to dysphonie forms infringing dissimilation or harmonisation constraints. Several other briefly mentioned cases suggest that this type of conditioning is fairly widespread.