Passant pour l'inspiratrice du régime de Vichy, l’Action française a aussi été, par la doctrine du nationalisme intégral, le déclencheur de réels engagements résistants. Beaucoup de partisans de l’AF ont essayé de distinguer dans les textes de Maurras postérieurs à juin 1940 des consignes pour la revanche (Entre nous). La ligne choisie par le journal a suscité, au gré de l’évolution de la guerre, des ruptures entre les maurrassiens devenus résistants et leur maître à penser. Rupture qu’ils ont pensée conjoncturelle ou définitive, mais qui a cherché à s’exprimer dans des journaux ou des tracts (La Nouvelle Action française, du Jonchay).
Après la Libération, la condamnation de Maurras pour intelligence avec l’ennemi laisse le champ libre aux expressions d’un maurrassisme pluraliste, néanmoins aux prises avec l’épuration. À côté d’orthodoxes rivaux, ne dédaignant pas la surenchère (Les Documents nationalistes, L’Indépendance française, Aspects de la France), le comte de Paris ainsi que des maurrassiens admettant la validité du principe de la Résistance – sinon ses modalités -, essaient d’occuper le terrain. Pierre Boutang se distingue par sa présence dans de nombreux journaux (Paroles françaises, La Dernière Lanterne), et sa volonté, tenace et vaine, de renouveler le débat pour sauver le maurrassisme.

Though often considered as having inspired the Vichy régime, Action française, as a result of its doctrine of integral nationalism, also inspired instances of real involvement in the resistance movement. Many supporters of Maurras have at-tempted to discern promptings for resistance in Maurras’s writings after June 1940 (Entre nous). As the war developed, the line followed by L’Action française led to breaks between Maurrassians who took up resistance and their intellectual master. These breaks could be treated as either contingent or definitive, but they found expression in newspapers or pamphlets (Jonchay’s Nouvelle Action française). After the Liberation, Maurras’s condemnation for fraternizing with the enemy left the field clear for pluralistic expressions of Maurrassism, despite the purge. Alongside orthodox rivals, who were sometimes guilty of raising the stakes (Les Documents nationalistes, L’Indépendance française, Aspects de la France), the Comte de Paris as well as those Maurrassians who accepted the principle, if not the form, of Resistance, attempted to assert themselves. Pierre Boutang stands out both by his involvement in a number of newspapers (Paroles françaises, La Dernière Lanterne) and by his stubborn though unsuccessful attempt to renew debate in order to save Maurrassism.