Vers la fin de l'été de 1944, alors que l’armée de la Libération fait route vers Paris, les journaux intellectuels de la Résistance appellent à la solidarité française, négociant habilement entre factions hostiles et symboles de division. De manière significative, ils cherchent à le faire en utilisant, non le vecteur de l’idéologie ou la médiation de la rhétorique républicaine et nationaliste, mais plutôt celui d’un discours esthétique capable d’énoncer des valeurs culturelles françaises constantes et subtilement reconfigurées.
Ce discours sur le classicisme français, interprété à travers un nouvel amalgame comme synonyme de la France elle-même, souligne le compromis politique et culturel de Vichy et articule également un autre nationalisme signifiant désormais le refus, tout en créant une nouvelle communauté morale française, une nouvelle unité spirituelle, une nouvelle mémoire nationale. Deux influences fusionnent alors : le nationalisme réactionnaire et « le classicisme critique » de la gauche française. Également imbriqué dans l’apparition du « classicisme de résistance », le schisme interne de la Ligue de l’Action Française, après le compromis politique de Vichy, se trouve symbolisé pour certains dans le discours officiel sur Richard Wagner et sa prétendue influence persistante sur Debussy. La reconstruction du Debussy de la Résistance en tant que paradigme classique conduit à l’articulation de trois lignes d’argumentation différentes, de trois conceptions distinctes des valeurs classiques dans un discours politique et culturel dont les ramifications dépassent les frontières des champs culturels français proprement dits. C’est la structure d’une telle confrontation symbolique, d’une telle négociation dans ce discours ou dans ce langage politique et de sa manipulation de Debussy comme icône classique, qui est ici analysée pour découvrir son impact sur la culture politique, aussi bien que sur la musique, au moment où la France, une fois de plus est en train de se redéfinir.

In the late summer of 1944, as the army of Liberation moved implacably if indeed arduously toward Paris, intellectual resistance journals were importuning French solidarity, deftly negotiating still hostile factions and divisive symbols. Significantly, they sought to do so not through the conventional political vector of ideology, or the mediation of French Republican and nationalist rhetoric, but through a compelling aesthetic discourse uniquely able here to enunciate uninterrupted, if reconfigured, French cultural values. Not surprising for those familiar with French history or nationalist leagues it was a discourse on French classicism construed as synonymous with France herself, but in a potent new amalgam, the political and cultural agency of which, as the war concluded, is discussed here.
It is the kind of classic model that is here of prime importance, for it was designed not only to emphasize Vichy’s political and cultural compromise but to articulate another nationalism that would signify refusal, while reconfiguring a new French ethical and communal whole. In this endeavor to employ the classic to articulate new spiritual unity, new national memory, and those distinctive modes of thought and of expression that were endemic to the nation, two major influences, merge: reactionary nationalism and the "critical classicism" of France’s Left. Yet also imbricated in the emergence of “resistance classicism” is the schism within the Ligue de l’Action Française as a result of Vichy’s political compromise, as emblazoned for some league members in official discourse on Richard Wagner and his purported enduring influence on Debussy. The resistance reconstruction of Debussy as classic paradigm hence must lead us into the history and articulation of three different strains or distinct conceptions of classic values within a political-cultural discourse whose ramifications cross over French cultural fields. It is the structure of such symbolic confrontation, the negotiation within this discourse or political language and its manipulation of Debussy as classic icon that I analyze here—its impact on political culture as well as music as France, once more, was redefined.