Résumé

On se propose d'attirer l'attention sur un aspect trop souvent sous-évalué de l'étymologie latine, son utilisation dans la reconstruction historique. On peut voir en effet que l'intérêt des Latins pour l'étymologie est beaucoup plus pratique que théorique: ils ne nous ont laissé que quelques textes théoriques, mais ils ont produit des étymologies en grand nombre, et dans des textes de toute sorte. Si l'on examine le pourquoi de cette production, on voit que les étymologies des Latins, parfois scientifiques ou ornementales, sont surtout utilitaires : elles ont le plus souvent une fonction argumentative, elles servent à prouver quelque chose. Cette « preuve par l'étymologie » a deux grandes orientations; la première est bien connue : proche de la définition, l'étymologie déploie les implications d'un mot et informe sur la nature de la chose; mais elle peut aussi voir dans un mot la trace d'un événement et servir ainsi à la reconstruction du passé: on indiquera quelques uns des principaux caractères de cette orientation historique.

Summary

We propose to focus attention upon a too often underrated aspect of Latin etymology, its use in historical reconstruction. As we can see, Latin writers are. concemed with etymology in a practical rather than theoretical fashion : they left few theoretical texts, but they produced numberless etymologies, in texts of every description. If we look into the reason for this production, we see that Latin etymologies are sometimes « scientific » or decorative, but .chiefly utilitarian : most of the time, they work as arguments and are used to prove something. This « etymological proof » has two main uses; the first is well known : akin to definition, etymology develops what is implicated in a word and gives information about the thing's nature; but it can also show the remains of a past event through a word, and then be used to reconstruct the past : we intend to display sorne important features of this historical trend.