La notion de prohairesis est l'une des notions centrales du stoïcisme d’Épictète. Alors que cette notion avait dans l’ancien stoïcisme une place mineure, celle d’une forme d’impulsion consistant en un « choix avant un choix », et n’avait que rarement (notamment chez Diogène de Séleucie) un sens plus large, c’est bien à l’aristotélisme qu’Épictète paraît avoir emprunté une notion de la prohairesis comme choix préférentiel étroitement liée à celle d’eph’ hemin (« ce qui dépend de nous »). Mais Épictète a introduit de nombreuses transformations au sein de cette notion, l’étendant à toutes les facultés actives de l’âme, y compris l’assentiment, et faisant de la prohairesis la seule chose qui dépende de nous, et non pas un choix portant sur ce qui dépend de nous comme chez Aristote. Une analyse des différents sens de la prohairesis montre que cette notion apparaît à la fois comme une décision ponctuelle, comme la faculté de prendre des décisions, et, dans un sens plus particulier, comme le choix préliminaire d’un mode de vie ou d’un personnage. De ce fait, la prohairesis n’est pas à proprement parler une « personne morale », comme on le soutient souvent, mais contribue à la constituer parce que c’est elle qui constitue l’essence du bien et du mal.

En annexe de l’article figurent un tableau synthétique des occurrences du terme dans les Entretiens et le Manuel et un appendice sur l’expression eph’ hemin dans le stoïcisme avant Épictète.