Introduction
Politique d'ouverture et réformes intérieures : quelles interactions ?

Paul ANDRE

L’introduction de cet ouvrage présente le lien qui existe entre la politique de réformes économiques menées en Chine depuis 1978 et la place qu’a pris la Chine dans le monde.
En entamant des réformes économiques, la société chinoise s’est modifiée et enrichie sans que cela n’ait modifié sensiblement le régime politique. Pourtant des déséquilibres internes (régionaux, sociaux, politiques) sont apparus. D’autre part les réformes n’ont pas été uniformes, si bien que la situation chinoise combine à la fois des éléments hérités de l’ancien système et d’autres issus des réformes. Enfin, ce développement de l’économie chinoise a modifié la place de la Chine dans le monde.

The introduction of this book explains the relationship between economic reform policies initiated in 1978 and the importance taken by China on the world stage. Implementing some economic reforms, Chinese society has changed while the regime remained socialist. Domestic problems however appeared. Since reform policies have not been homogenous, contemporary China mixes soviet-style elements with reformed ones. Eventually the rise of Chinese economy allowed the rise of China has a global actor.


Chapitre 1
Recherche idées nouvelles désespérément :
Le Parti Communiste Chinois entre économie de marché et néo-maoïsme

Willy Wo-Lap LAM

Ce chapitre étudiera les luttes entre factions lors de la période qui précède le XVIIIe Congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) ainsi que les orientations politiques sous la direction des quelques leaders putatifs de la cinquième génération de dirigeants, Xi Jingping et Li Keqiang. Le poids et l’influence des principales factions, y compris la Ligue de la Jeunesse Communistes (ci-après faction de la Ligue), les « Princes Rouges » – ainsi que leurs anciens alliés de la faction de Shanghai, seront analysés. L’accent sera mis sur la question de savoir si le ticket Xi-Li est à même d’offrir des idées nouvelles pour résoudre les profonds problèmes économiques et politiques qui ont agité la vie politique depuis les massacres de la place Tiananmen en 1989, date après laquelle la plupart des réformes politiques ont été gelées.

This paper will look at the factional intrigue in the run-up to the pivotal 18th Chinese Communist Party (CCP) Congress – and the policy orientation of the leadership under the putative "cores" of the Fifth-Generation leadership, Xi Jinping and Li Keqiang. The clout and influence of the principal factions, including the Communist Youth League (CYL) Clique, the Gang of Princelings – as well as the latter’s close ally, the Shanghai Faction – will be analyzed. Particular emphasis will be put on whether the Xi-Li leadership can offer new ideas to solve ingrained political and economic problems that have bedeviled the body politic since the Tiananmen Square massacre of 1989, after which most political reforms have been frozen.


Chapitre 2
Penser l’État multiethnique : une approche culturelle de la question ouïghoure

Emmanuel LINCOT & Paul ANDRE

On dénombre treize minorités ethniques dans le Xinjiang. En langue chinoise, Xinjiang signifie « Nouvelle Frontière ». Le gouvernement central de Pékin lui a ajouté l’appellation « Weiwuer zizhiqu », littéralement « Région autonome “ouïghoure” du Xinjiang », désignant l’ethnie majoritaire non Han dont le nombre dépasse la dizaine de millions.
Officiellement État multiethnique, la Chine voit pourtant les tensions s’accroissent. Des attentats ont lieu. Des résistances s’organisent, passives dans la majorité des cas. Elles témoignent cependant d’une chose : le grand rêve national de l’État chinois rencontre ses limites. Les frustrations identitaires et religieuses des Ouïghours suffiront à nourrir pour longtemps des foyers de conflits.

There are 13 ethnic minorities in Xinjiang province. In Chinese, Xinjiang means “the new border”. The central government in Beijing added “Weiwuer zizhiqu” which literally means “the “Uighur” autonomous region” Xinjiang is therefore named according the largest non-han ethnic group which counts for more than 10 million people.
Officially a multiethnic state, China sees rising ethnic clashes. These tensions reveal that the great national Chinese project is reaching its limits. Uighurs’ cultural and religious frustrations will feed social conflicts on the long run.


Chapitre 3
Rivalité ou coopération entre la Chine et les États-Unis : le cas des « clean tech ».
Le risque des perceptions de « grande puissance »

Emmanuel MENEUT

L’émergence de la Chine est une rupture majeure de la répartition des pôles de puissance du système international. Au cœur de cette puissance économique chinoise se trouve la problématique de la production et de la consommation d’énergies fossiles et de la pollution afférente. Les solutions technologiques jouent alors un rôle déterminant dans l’image de grande puissance qui est désormais un attribut de la Chine et elles s’accompagnent d’un ensemble de perceptions de cette puissance qui conditionnent les risques de dilemme de sécurité avec cet étalon et ce miroir de la puissance : les États-Unis.

The rise of China as a major player has shifted the global balance of power. Chinese economic strength relies on fossil fuel which implies high pollution. The technological solutions proposed by the PRC concerning energy supply have great consequences on the image of superpower Beijing tries to establish. But it also implies a security dilemma with the US.


Chapitre 4
La réforme fiscale et les comportements des gouvernements locaux dans la Chine contemporaine

REN Yi

L’équilibre entre le contrôle central et l’autonomie locale est un problème éternel dans l’économie chinoise, et le système fiscal chinois a subi de nombreux changements depuis les années 1950. Cette communication examinera l’impact de ces changements sur les finances locales et montrer comment les réformes fiscales ont incité les gouvernements locaux à poursuivre le développement économique, en particulier dans le secteur industriel.
Pendant la période post-Mao, la décentralisation fiscale a commencé en 1980 avec le slogan « manger en se partageant la cuisine » (fenzaochifan 分灶吃饭), et une série de réformes a été mise en application afin de réaliser l’autofinancement des gouvernements locaux.
Cependant, cette tentative pour améliorer les relations financières entre les gouvernements, central et provinciaux, s’est extrêmement complexifiée par les changements rapides du système fiscal, ainsi que le décalage entre les revenus et les dépenses apportés par la réforme économique.

The balance between central control and local autonomy is a reluctant problem of Chinese economy. The Chinese fiscal system has experimented many changes since 1950. This paper studies the impact of changes in local finances and how these fiscal reforms have created incentives for local governments to pursue economic development – especially for the industrial branch. In the post-Mao period, fiscal decentralization begins in 1980 with the motto “to eat sharing the same kitchen” (fenzaochifan 分灶吃饭). Various reforms have been implemented in order to achieve local governments self-financing. Nevertheless this attempt of betterment of financial relations between the central government and local governments has turned more complex by the fast changing fiscal system.


Chapitre 5
La Chine, un eldorado pour les firmes taiwanaises ?

Philippe CHEVALERIAS

Les entrepreneurs taiwanais ont commencé à investir en Chine dans les années 1980. De faible ampleur au début, ces investissements se sont fortement accrus dans les années 1990, pour exploser dans les années 2000. Implantés dans un premier temps essentiellement dans les provinces du sud-est (Fujian, Guangdong), les hommes d’affaires de l’île ont ensuite progressé le long de la façade littorale d’une part, et vers l’intérieur des terres le long du fleuve Yangzi d’autre part. Ils sont aujourd’hui présents sur l’ensemble du territoire chinois.
L’objet de cette communication est de répondre à trois questions.
1) Quelle est la genèse de ce mouvement et les raisons de son évolution ?
2) Y a-t-il un modèle de l’investissement taiwanais en Chine ?
3) Quel avenir pour les firmes taiwanaises en Chine ?

In the early 1980S Taiwanese entrepreneurs have begun investing in Mainland China. Initially of restricted scale, these investments soon became more important in the 1990s and the flow of capital became spectacular in the 2000s. Taiwanese entrepreneurs – who first settled in Southern provinces namely Guangdong and Fujian – then invested also along the east coast and in the hinterland – along the Yangtse river. The Taiwanese business community is now present nationwide in China.
This paper attempts to answer three questions:
1. What are the origins and the reasons of the evolution of this trend?
2. Is there a model of Taiwanese investments in PRC?
3. What’s the future of Taiwanese firms in China?


Chapitre 6
L’utilisation de la lutte anti-terroriste dans la politique étrangère chinoise : entre opportunités et défis à venir

Simon SHEN

Ce chapitre présente quatre domaines de la vision chinoise sur le terrorisme, à savoir la définition officielle de la lutte anti-terroriste en Chine et sa différence avec celles des États-Unis ; le cas de la menace terroriste dans la région du Xinjiang ; la relation entre la lutte anti-terroriste et la politique étrangère chinoise notamment dans le cadre des réponses apportées aux attentats du 11 septembre et la participation de la Chine à l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) ; et enfin, les points de vue chinois concernant le terrorisme. La combinaison de ces quatre dimensions nous dit pourquoi la lutte anti-terroriste dans le contexte chinois peut s’avérer assez différente de l’usage conventionnel du terme que l’on en fait en Occident. Elles peuvent montrer comment la Chine fait pleinement usage de la formule afin de maximiser ses gains dans la décennie post-11 septembre. Et elles nous montrent quels sont les défis auxquels cette stratégie aura à faire face dans le futur.

This chapter outlines four areas of the Chinese view on terrorism, namely the official definition of anti-terrorism in China and its difference from the US version, the terrorist threat in the Xinjiang region as an example, the relationship between anti-terrorism and Chinese foreign policy especially in response to 9-11 and the Chinese participation in the Shanghai Cooperative Organization, and the domestic views towards ant-terrorism in China. Together they tell us why anti-terrorism in the Chinese context can be subtly different from the conventional usage in the west, how China made full use of the term to maximizes its gains in the decade following 9-11, and what are the challenges that this strategy will have to face in the future.


Chapitre 7
Quel modèle d’intégration régionale pour l’Asie orientale ?

Paul ANDRE

Depuis le lancement des réformes économiques en 1978, l’économie de la Chine s’est profondément modifiée. La politique de réforme avait deux objectifs : la transition vers l’économie de marché et l’ouverture vers l’extérieur. Cette politique de développement a justifié une politique « de bon voisinage » de la part de Pékin.
Aujourd’hui, l’interdépendance croissante de la Chine avec ses voisins et l’évolution du contexte géopolitique obligent la République Populaire à repenser cette politique de bon voisinage et à envisager la possibilité d’une intégration plus poussée avec les membres de l’ASEAN ainsi qu’avec ses voisins immédiats (Taiwan, Corée du Sud).
Ce chapitre visera, dans le cadre méthodologique de l’économie politique internationale, à comprendre la stratégie régionale de la Chine et ce que cela implique pour la région Asie Pacifique.

Changes operated since market oriented reforms were launched in 1978 have resulted deep evolution of China. The reform policy had two objectives: a marketization of the economy and an open-door policy. This strategy of development justified Beijing’s “good neighbouring” policy.
Today, as China experiences growing interdependence with its neighbours and the geopolitical situation changes, the PRC must think a new regional policy. The possibility of a deeper cooperation with ASEAN members is on the agenda.
This paper, in a international political economy perspective, tries to understand China’s regional policy and the consequences for the Region.


Chapitre 8
La diplomatie économique de la Chine en Asie du Sud-Est

Candice TRAN DAI

Longtemps marquée par l’influence chinoise, l’Asie du Sud-est s’est émancipée progressivement à partir du milieu du XIXe de son gigantesque voisin. Le décollage économique entamé à la fin des années 1970, fait de la Chine un nouvel acteur majeur de cette région du monde. Cette communication analyse les relations de la Chine avec l’Asie du Sud-est dans le contexte de la crise économique mondiale.
Pékin a développé une stratégie de rapprochement avec ces États, fondée sur les échanges commerciaux, l’investissement et l’aide au développement. Il apparaît que la Chine fructifie mieux que le Japon sur le plan politique sa pénétration économique.

After a long period under Chinese influence, South East Asia progressively became emancipated from its huge neighbour since the mid-19th century. Chinese economic take-off has turned the PRC into a new major actor of the Region. This paper analyses relations between China and South East Asian nations within the context of the recent economic crisis. Beijing has implemented a strategy which tends to get closer to South East Asian nations. It relies on trade, investments and development aid. It appears that China manages to better convert its economic penetration into political influence than Japan can do.


Conclusion
Le consensus de Pékin : Modèle d’économie confucéenne ou modèle ad hoc?

Paul ANDRE

La conclusion de ce volume reviendra sur les spécificités du modèle de développement chinois, souvent appelé désormais Consensus de Pékin. La Chine s’est, certes, engagée dans la mondialisation mais a-t-elle pour autant adopté une vision de l’économie similaire à celle des Occidentaux ? A l’heure où l’on parle de plus en plus d’un modèle chinois, nous rappellerons l’importance que peut prendre le facteur culturel quand il s’agit d’aborder un marché comme la Chine. Souvent qualifiée de « miraculeuse », la croissance chinoise semble à part, comme si la Chine défait toutes les lois de l’économie. On a parlé alors d’un consensus de Pékin (ou consensus de Beijing) pour qualifier le mode de développement chinois. La Chine ferait alors figure de modèle à suivre pour de nombreux pays du monde. Cette conclusion cherchera à expliquer ce que l’on entend par consensus de Pékin et en quoi le modèle de développement chinois est-il spécifique.

This conclusion explains the specificities of the Chinese path of development – often called the Beijing consensus. Although a globalized economy, China does not share a Western perspective on economy and society. Cultural and political patterns partly explain Chinese growth. However, this paper considers there is not a specific Chinese model of development.