Au livre XXV du Peri physeos, épicure met en œuvre une critique de Démocrite, l'accusant de s’ignorer lui-même et de soutenir une doctrine qui entre en contradiction avec ses actes. Pour Épicure, l’existence même de l’éloge et du blâme signifie que l’homme doit être considéré comme assumant, au moins partiellement, la responsabilité de son caractère acquis, de ses pensées et de ses actes. Le livre XXV du Peri physeos, pourtant, loin de prendre ses dis­tances vis-à-vis de l’éthique de Démocrite, doit être considéré comme un retour aux sources démocritéennes par Épicure et ce, par-delà les successeurs de Démocrite. L’étude des fragments et témoignages concernant Démocrite suggère en effet qu’il soutenait à la fois la thèse d’une constitution de l’âme exclusivement atomistique et la possibilité d’une transformation de l’âme par l’homme. On peut en conclure que ce n’est pas tant la perspective démocritéenne que rejette Épicure que la radicalisation déterministe effectuée par les démocritéens de la deuxième ou troisième génération. L’enjeu est donc pour Épicure, en restant fidèle à la physique et à l’éthique démocritéennes originelles, d’apporter des élé­ments qui permettent de justifier leur compatibilité au sein d’un même système, ce que Démocrite avait sans doute omis de faire.

Summary. In the book XXV of the Peri physeos, Epicurus sets up a criticism of Democritus, accusing him of ignoring himself and of defending a doctrine that is inconsistent with his deeds. According to Epicurus, the very existence of praise and blame signifies that man must be considered as taking upon himself, partly at least, the responsibility of his acqui­red character, his thoughts and his deeds. The book XXV of the Peri physeos, far from set­ting a distance with Democritus’ ethics however, must be considered as a reversion towards the Democritean origins by Epicurus and thus, beyond Democritus’ successors. The study of the fragments and testimonies concerning Democritus suggests that he defended both the thesis of an exclusively atomistic constitution of the soul and the possibility of a transformation of the soul by man. One may deduce that Epicurus does not reject Democritus’ orientation but the deterministic radicalization made by the Democriteans of the second and third generations. Epicurus’ aim is to bring out elements that allow to justify their compatibility inside a unique system, while holding fast to the Democritean physics and ethics, which Democritus had probably omitted to do.