Quoique implicite, le traitement platonicien du thème de l'insatiabilité du désir dans le Philèbe est profondément original. En considérant le plaisir comme l’objet immédiat du désir, et en caractérisant le plaisir comme un apeiron (c’est-à-dire un indéterminé ou un illimité), il situe l’origine de ce phénomène non dans l’essence même du désir, mais dans son objet, qui par nature lui échappera toujours. La seule manière de l’éviter sera dès lors de réorienter le désir vers un autre objet, à savoir l’intelligible, qui seul sera capable de le limiter – ce qui signifie non pas l’amoindrir, mais lui donner les moyens de trouver sa satisfaction dans son propre exercice. Le désir ainsi transformé est la philosophie elle-même, seule voie vers le bien et le bonheur selon Platon.