En Sophiste, 247d8-e4, l'Étranger d’Élée pose un horos de l’étant comme « puissance d’agir et de subir (dynamis tou poiein kai tou pathein) ». L’objectif que se fixe cet article est d’envisager quel sens donner à cet horos et quelle valeur accorder à la dunamis dans ce dialogue. D’une comparaison avec d’autres occurrences dans le corpus platonicien (Phèdre et Théétète), il ressort que le Sophiste amène un double déplacement : d’une part il fait passer la question de la dunamis sur le champ de l’Etre d’une manière inédite, d’autre part son protagoniste n’attribue plus la formule à Hippocrate ou à Protagoras, mais il la présente comme le moyen, qu’il s’apprête à défendre, de sortir d’une impasse. Par une lecture des arguments qui annoncent et qui suivent cet horos, il apparaît que celui-ci possède une grande efficacité pour la compréhension de la structure du dialogue et de l’évolution de son argumentation. En même temps qu’il sert à définir l’Etre, il permet d’expliquer le fonctionnement de la koinonia des Genres et de jeter les bases de la théorie du non-être. En définitive, il se révèle être un truchement opérant pour dépasser définitivement la sophistique en lui substituant une véritable ontologie philosophique.