L'actualité des années 1908-1914 est remplie des « exploits » des Camelots du Roi qui agitent le Quartier Latin, conspuent ou giflent les hommes politiques et les intellectuels qui leur déplaisent et endommagent les statues élevées aux pontifes de la République et de la laïcité triomphante. Ce sont les milieux conservateurs et les organisations monarchistes traditionnelles (qui se contentaient d’exister sans agir) qui s’en émeuvent le plus, craignant que la réprobation ou la répression ne nuisent à leurs intérêts et à ceux du prétendant. La volonté de l’AF et des Camelots « d’aller au peuple » et de trouver des alliés dans d’autres milieux tout aussi contestataires de l’ordre établi, ses velléités de «socialisme monarchiste » les indignent encore plus. Il est remarquable de constater que le phénomène « Camelot » a débouché sur la publication pour la période envisagée d’au moins cinq romans « à clé » brodant à l’envi sur ces thèmes, sortis de la plume d’un prolixe auteur « bien parisien » comme Abel Hermant, d’une infatigable polygraphe comme Gyp (avec ses obsessions antisémites et bonapartistes) ou du tandem Landre-d’Abzac, auteurs moins connus mais qui ont le mérite de dresser un catalogue de ce que l’on pouvait, à droite, reprocher aux Camelots. L’AF et ces derniers sortiront vainqueurs, parce qu’indispensables, de la crise ouverte avec le prétendant et obtiendront, peut-être en renonçant aux provocations les plus voyantes, un monopole sur l’action royaliste, largement comme résultat de la médiatisation de leurs actions passées et de la fascination exercée par elles sur la jeunesse.

Day-to-day news in 1908-1914 was full of the "exploits" of the Camelots du Roi as they fomented trouble in the Latin Quarter, booed or slapped politicians and intellectuals not to their liking, and damaged statues erected to the glory of those supposed to embody the quintessence of the Republic and triumphant laïcité. However, the result was that the most upset was caused in conservative political circles and monarchist organizations (where it was sufficient to exist, not to be obliged to act); their own fear was that the ensuing reprobation and repression would adversely affect their interests and those of the Pretender. A cause of even greater indignation was the leanings shown by the AF and the Camelots towards “monarchist socialism”, the desire to win support from the less elevated social classes, and the quest for allies in other equally radical milieux that were dismissive of the established order. It is striking that, for the period in question, the “Camelot” phenomenon led to the publication of at least five romans à clef, in which these themes were elaborated upon at length. For instance, there was Abel Hermant, a prolix and very Parisian author; also Gyp, a tireless writer on all subjects, with her anti-Semitic and Bonapartist obsessions; and the Landre-d’Abzac tandem, two less well known authors, though with the merit, on the right, of cataloguing all that the Camelots could be blamed for. Because they had made themselves indispensable, the AF and the Camelots emerged victorious from the crisis with the Pretender; they acquired a monopoly on royalist action thanks to media coverage of their past actions and the fascination they exerted on the young, and perhaps also because they came to renounce the most brazen types of provoca-tion.