Résumé

Catalogue conçu pour l'Exposition Internationale du Surréalisme de janvier 1938, le Dictionnaire abrégé du surréalisme fait fonction -de manifeste : auto-célébration, il recense les mots de passe, les formules magiques qui scellent le groupe; ouvert sur l'avenir, il illustre une poétique. Au contraire d'un dictionnaire de langue, il évite les significations usuelles, décolle les signifiants des signifiés, rend significatives les proximités de mots dans la nomenclature. Toute forme devient hapax, tout mot néologisme, rendus à une mythique innocence de la langue puisqu'ils n'ont de sens qu'en contexte, dans un emploi à jamais singulier. Confrontant un mot-entrée à une ou plusieurs phrases qui l'enchâssent ou le disséminent, le dictionnaire est l'espace même de l'aléatoire et de la rencontre ; propice à la collusion des mots, pour peu qu'on réintroduise du jeu dans sa structure, il devient une merveilleuse machine à dépayser. Le jeu subtil d'allusions filées et de décalages entre les vignettes et les citations suggère que le non-dit, les lacunes intentionnelles ou involontaires sont le lieu privilégié de la signification poétique qui ne se manifeste que sur le mode de l'apparition. Spectral, ce dictionnaire paradoxal rend visible ce qui ne sera jamais lisible.

Summary

The Dictionnaire abrégé du surréalisme prepared for the International Exhibition of Surrealism in January 1938 serves as a manifesto : self-celebratory, it is a compilation of passwords and magic formulae which identify the movement. Forward looking, it illustrates the poetics of surrealisme Unlike an ordinary dictionary, it avoids common place meanings, separates the signifiers from the signified and gives significance to the proximity of entry words. Every form becomes a hapax, each word a neologism, yielding to a mythical innocence of language, for such forms have meaning only in context and their usage will always remain singular. Juxtaposing an entry word with one or more sentences in which it is enclosed or disseminated, the dictionary becomes the very space for serendipity and encounters. Provided that an element of play is introduced into its structure, it is not only propitious for the collusion of words but also a marvellous tool for changing ones outlook. The subtle play of woven allusions and the distinction between the textual illustrations and quotations suggests that what is left unsaid, the intentional or involuntary lacunae, have special poetic signification which is only evident in the way in which they appear. This spectral and paradoxical dictionary renders visible that which would otherwise never be comprehensible.